Ecriture

Suite de l’histoire

 

Un lundi. Elle abandonne le travail qui l’attend sur son bureau, elle coupe tous les appels en mode avion. Elle quitte l’appartement pour tendre sa figure fatiguée aux rayons doux du soleil d’automne, pour se perdre un peu dans la beauté de cette petite ville, de ses petites rues.

Son regard croise la lumière sublime qui se reflète dans la fontaine de la place au coeur de l ‘après-midi.

Son regard se jette dans les reflets de fontaine.

En cette instant les feuilles des arbres tombent en hommage à l’été qui se meurt. Et cette douce mort est belle aussi, élégante.

Ses pensées plongent dans le miroir de la fontaine, dans la douce mort de l’été. Elle se dit que le voyage se fait en cet instant, cette fraction de seconde au hasard de sa journée. Le voyageur n’est pas celui qui grimpe à travers les nuages dans les avions, mais celui qui sait jeter son coeur dans les reflets d’une fontaine, pour célébrer la douce mort de la fin d’un été. C’est celui qui se laisse traverser par la beauté de cet instant, celui des feuilles qui dansent dans les reflets d’un soleil mourant.

À l’automne de sa vie inerte, où jusque là elle s’est épuisée à se conformer pour se fondre dans les plans que le monde, indifférent, avait pour elle, elle regarde les feuilles qui dansent dans l’eau magique de la fontaine, et elle se dit

Tout ce que veux, je peux l’être

Tout ce que je suis, je peux le faire

Elle tourne les talons pour quitter ce jour

“Il ne s’agit pas de vivre et d’écrire, mais de vivre-écrre et de : écrire-vivre. C’est dire que tout ne s’accomplit et même ne s’éprouve (ne se comprend) que dans un cahier” Marina Tsvetaeva “Il ne s'est rien passé tant qu'on ne l'a pas écrit" Virginia Woolf Ce blog est un carnet de survie, pour retenir l’instant suspendu, les rêves de vie et de poésie sauvage. Mes instants et rêves de vie se sont envolés dans des trains au hasard de mes destinations, dans des voitures la nuit étoilée sur les petites routes de campagne, dans les bulles de champagnes et les volutes de fumées, les premiers je t’aime et les baisers volés, dans la solitude d’une chambre de vacances les soirs d’été, les premiers printemps de l’ivresse des amours pour toujours et des musiques mélancoliques, les aubes des fugues et les beaux jours nostalgiques. Mes biens sont immatériels. Il ne restera rien de mon passage. Je n’ai pas capitalisé. J’ai cumulé les heures, dépensé les heures, jeté les heures par les fenêtres, train, chambre adolescente, refuge des rêves infinis, pour le plaisir d’une seconde, la beauté d’un instant. Seul un hommage à ces instants suspendus vaudra ma peine.

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