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Nos chambres secrètes
(Texte avec arrière-fond sonore capturé sur place, à déclencher sur play.) Je suis venue dans cette ville du midi pour sauver ma liberté. Du soir au matin, j’arpente les ruelles aux pierres jaunes, dans les matins frais, les soirées moites d’été, parfois, je me lève aux aurores, enchantée de me perdre dans la garrigue, parmi les oliviers. Antiques matinées, nuits illuminées. J’ai mis les pieds dans la ville, dans les lumières chaudes d’été, réverbères dans la nuit, et j’ai ressenti de tout mon être, l’ivresse de la liberté retrouvée, saoule de cette solitude qui m’avait tant manquée. Sous les astres filants, j’entends les joies des enfants, je marche sur les…
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Suite de l’histoire
Un lundi. Elle abandonne le travail qui l’attend sur son bureau, elle coupe tous les appels en mode avion. Elle quitte l’appartement pour tendre sa figure fatiguée aux rayons doux du soleil d’automne, pour se perdre un peu dans la beauté de cette petite ville, de ses petites rues. Son regard croise la lumière sublime qui se reflète dans la fontaine de la place au coeur de l ‘après-midi. Son regard se jette dans les reflets de fontaine. En cette instant les feuilles des arbres tombent en hommage à l’été qui se meurt. Et cette douce mort est belle aussi, élégante. Ses pensées plongent dans le miroir de la…
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Promenade en rêve
Par la fenêtre, une belle journée m’appelait Je prenais mon coeur en bandoulière, qui déjà dansait de joie de retrouver le soleil qui s’était caché pour annoncer l’automne Je m’en allais par de si jolis chemins que je devais m’arrêter, souvent, pour admirer les pins qui se confondaient au bleu J’ai marché longtemps, le coeur flâneur heureux de retrouver les oliviers J’en arrachais quelques feuilles pour les garder dans mes cahiers Et le soir arrivait et c’est alors que je croisais ce chemin mythique d’enfance quand nous nous baladions mon père et moi Je vois nos silhouettes le long de ce chemin apparu en rêve, un chemin sans fin bordé…
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Ce rêve de la maison à la campagne.
Parmi mes rêves de vie, il y a cette vieille maison à la campagne, ce refuge solitaire mais dont les murs sont habités par mille histoires du passé. Ils me murmurent les mots qui couleraient à flots dans une fièvre sans fin des jours durant, des nuits entières. “Ecrire sur la maison à la campagne”. Je me suis promis d’écrire sur ce rêve, ce rêve de la maison à la campagne, ou plutôt sur la pensée chaude, rassurante de cette maison à la campagne que j’imagine mienne un jour. Je vois de vieilles pierres d’abord, jaunies par le soleil, qui abriteraient ma vie. Tout commencera par une échappée folle. Je…
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Divinité des mots. Ecrire pour résister au temps qui passe, pour résister aux temps qui courent.
Les mots se vengent des mois, des années de séquestration infligées. Les flammes de l’adolescence qui les firent jaillir incandescents sont éteintes. Aujourd’hui, je rappelle à moi les mots vexés, enfouis, taiseux, qui jadis flirtaient dangereusement avec les émotions brutes d’une jeunesse. A qui la faute ? Lâcheté, air du temps dont la température est au tiède des jours gris ? Sont-ils morts dans le silence, à l’ombre des années ? Les mots ne pardonnent pas. Pourtant les mots sont nos sauveurs. Les mots contiennent une essence magique, qui répare les années et les vivants, apaise les plaies, une source miraculeuse de jeunesse éternelle qui transforme les poètes esseulés en mentors immortels,…
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Début de l’histoire
Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons. Virginia Woolf. Je vais vous dire la vérité : je suis une jeune femme qui s’invente une vie entre quatre murs. J’ai fait de longues études, j’ai travaillé et vécu dans de grandes villes bouillonnantes qui rendent amnésiques, où les nuits…
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Lettre aux poètes un matin tôt d’automne
Je vous écris d’un dimanche matin, tôt d’automne. Solitaire. Dans solitaire, il y a un soleil espagnol, qui réchauffe mon coeur dans le matin froid d’automne. La brûlure du coeur me réveille aux aurores, dans une urgence fiévreuse, il me dicte : vis ! écris ! Et j’obéis à l’invective du coeur, celui du poète, la dictature intraitable du destin, et des matins solitaires. Je me réfugie dans la cuisine, qui abrite la table pour écrire. Je fais du café. J’ouvre la fenêtre. J’accomplis les rituels quasi religieux pour faire entrer la lumière, rentrer en prière. Je pose sur la table mon carnet rouge d’écriture, mon garde du coeur, les…
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Lust for life
En cet instant, la lumière du soleil déborde par les fenêtres, inonde l’appartement, éclate sur mes yeux, éclabousse tous les meubles et les moindres petits objets, troublent ma vision. Tout se transforme en poésie. Dans les volutes de ma cigarette le soleil surgit et se suspend dans l’air comme un acrobate Le soleil, ce soleil tardif d’automne que je croyais mort, ressuscite et jaillit dans mon coeur comme une bête sauvage et sublime, ultime assaut, ultime Adieu La bête de feu bondit sur mes battements de coeur, et ma poitrine déborde de désirs, désirs de la capturer, désirs de l’apprivoiser Comme la fenêtre ne parvient pas à contenir sa lumière…
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Être le temps.
Je me suis retirée du monde pour Vivre. J’ai pris refuge dans une chambre perchée tout en haut d’un immeuble, sur les toits de la ville Il me fallait le nid d’un oiseau, en hauteur, pour abriter mon âme Lui offrir le vertige et la liberté de tournoyer dans les airs Au dehors, le monde m’assomme, des bruits incessants de pas des gens qui tournent comme un manège en rond sur eux-mêmes Au dedans, mon coeur implose d’une envie de vivre, il est un nuage qui gronde, noir et menaçant, Sur le point d’éclater en pluies diluviennes Mes vies, mes milles vies à vivre, Déversées sur mes cahiers Mes rires,…
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Je partirai chercher dans une quête insensée un été qui ne s’achève jamais.
J’allume une cigarette, je suis assise en robe d’été sur le canapé rouge. Une feuille d’olivier et un verre rosé, inondés de soleil et de fumée me font espérer qu’il n’est pas terminé, ce cher Été… L’Été et son soleil chaud, ma cigarette et ses volutes de fumée, je les voudrais sans fin… Figer la beauté d’une fin d’été… Je l’avoue comme c’est fou quand la douce poésie de la vie revient chez moi dès que des rayons de soleil se posent là et éclatent par débris sur un verre de vin, un coin de table, un instant suspendu. Pour moi la vie commence sans date, ni âge mais…